Il paraît que personne n'a le droit d'aller dans cette salle de bain. Pourtant prendre une douche aux endroits prévus à cet effet ne me plaisait pas du tout. Il était très tard, la nuit était tombée depuis longtemps et les mystères nocturnes avaient déjà commencé à roder dans les couloirs. Je n'étais pas la seule levée à cette heure-ci, les bruits, les murmures, les sifflements, les cris, tranchaient dans le silence obscur mais je ne croisais personne. Ma particularité de me fondre dans le décor ne me fut d'aucun secours.
Dans ma robe légère de soie je sinuais dans les couloirs à la recherche de cette salle de bain si impressionante d'après les dires des élèves. Cependant, vaquer dans les couloirs ne m'aidrait pas, il fallait que je me dirige dans l'école. Je m'approchais d'une plante et en caressai l'étoffe verte. Alors je me fondais en elle et me laissais porter par les spores. Je volais dans ces petits grains de plante et sautais de fleur en fleur. Je me retrouvais dans un bureau, dans une chambre, dans une salle de classe et enfin dans la salle de bain. Intérieurement je souris et me fondais de nouveau hors de la plante.
J'atterrissais dans une pièce immense au carrelage blanc dont le centre était occupée par un bassin arrondi. L'eau chaude fumait et les vitraux étaient pleins de buée. Dans une brume, j'apercevais un rond flou de lune. Les loups-garous devaient être de sortie. Sur une étagère plus loin, étaient disposés des serviettes chaudes. Mes doigts les effleurèrent se préparant au plaisir que j'aurai de les enfiler plus tard.
Je fis glisser les bretelles de ma robe et le tissu tomba sur le sol. Relevant mes cheveux au dessus de ma nuque dans un chignon rebel, je me laissais couler dans l'eau. Elle était chaude presque brulante, tout ce que j'aimais.
Je me demandais ce qui se passerait si quelqu'un me surprenait dans cette posture pour le point dénudée malgré la mousse qui recouvrait mon corps.